Peau de poisson et usages sensibles en France et au Brésil
La peau de poisson est devenue un déchet de l’industrie agroalimentaire. Sa stabilisation récente mène à l’élaboration de cuir de poisson dont les destinations actuelles sont celles des cuirs classiques.
Par des bains de tannages naturels et rudimentaires, la peau de poisson que Lola Loup collecte en France et au Brésil donne un matériau dont l’aspect -entre le papier et le plastique – ne peut être considéré comme du cuir et n’y trouve pas d’intérêt. La peau de poisson en tant que peau ouvre d’autres imaginaires reposant sur des qualités techniques comme la résistance, l’imperméabilité ou la translucidité et questionne la durée de vie même de la matière.
Par l’observations d’usages, de modes de vie contemporains liés à la collecte et de chaines de revalorisation des peaux de poisson en France et au Brésil, Lola Loup souhaite rendre compte des potentialités de créations qui s’articulent autour d’enjeux écologiques, économiques et culturels : penser de nouveaux déploiements formels en interaction avec le lieu de collecte initial des peaux.
Anthropologie politique des pratiques artistiques. Enquête sur les circulations entre scènes de l’art et mondes sociaux dans les espaces ibéro-américains (2023-2024)
Ce projet est issu d’une enquête ethnographique entreprise par Francesca Cozzolino en 2017 sur la scène artistique mexicaine et ses implications dans les mondes sociaux ainsi que ses prolongements en Europe. Sa recherche invite à penser les pratiques de résistance par l’art en étudiant les circulations d’objets et de réseaux entre le Mexique et l’Europe ainsi que les échos qui se produisent d’une localité à l’autre dans les espaces ibéro-américains.
Pour ce faire, il s’agit d’une part de mener une enquête permettant de reconstruire les réflexions et processus qui ont amené l’équipe du musée Reina Sofía à entreprendre un travail de reconfiguration de ses collections en direction d’une critique de l’héritage colonial et l’acquisition d’œuvres réalisées par des membres des communautés indigènes du Chiapas. D’autre part, il s’agit de mettre en résonnance l’étude du processus de patrimonialisation des productions indigènes avec les discours produits par les zapatistes eux-mêmes et les réseaux militants soutenant leur voyage en Europe en 2021.
Ce terrain à Madrid a ainsi pour objectif de retracer les dynamiques qui ont amené à cette entrée des productions indigènes sur une scène de l’art européenne, et de comprendre tant ses implications dans la réception d’un « temps du mépris » associé au passé colonial et d’un présent qui marquerait à l’inverse le « temps de la reconnaissance », que les dissonances occasionnées par ces circulations au niveau transnational.
Dans une perspective plus large, l’ambition de ce projet de recherche est de comprendre la manière dont ces circulations culturelles impliquent des processus de réécriture de l’histoire et d’élaborer les fondements épistémologiques et théoriques d’une performativité politique de l’art.
Archives de la journée d’étude en ligne « Savoirs Sensibles : esthétique et anthropologie »
Date: Mardi 13 avril 9h30-18h Intervenant.e.s :Mildred Galland-Szymkowiak (Chargée de recherche CNRS (Thalim), enseignante au département de philosophie de l’École normale supérieure) ; Marie-Luce Gélard (Maître de conférences HDR en anthropologie, Université de Paris/IUF); David Howes (Co-Director, Center for Sensory Studies, Concordia University); Mariana Pestana (Architect and Curator, Co-curator of the 5th Istanbul Design Biennale) ; Céline Trautmann-Waller (Professeur en études germaniques, Université Sorbonne Nouvelle / Institut Universitaire de France); Catherine Wood (Senior Curator of International Art (Performance), Tate Modern) Téléchargerle programme Consulter le billet sur le site de EnsadLab
En remettant à l’honneur le paradigme sensoriel qui est à l’origine de l’esthétique, puis en le confrontant aux travaux contemporains de l’anthropologie des sens et aux pratiques curatoriales en art et en design qui questionnent le corps en mouvement et les formes de relation empathique au monde, cette journée d’étude se propose d’étudier la notion de « savoirs sensibles », dans ses dimensions esthétiques et anthropologiques, afin d’interroger sa capacité opératoire pour la recherche en art et en design.
Cette journée d’étude est organisée par la Plateforme « art, design et société (Francesca Cozzolino, Arnaud Dubois et Sophie Krier) ancrée à EnsadLab (laboratoire de l’École des Arts Décoratifs – Université Paris, Sciences et Lettres, PSL).
Réunissant anthropologues, philosophes et curators, la journée d’étude a posé la question des « savoirs sensibles », sa sémantique et les outils analytiques et méthodologiques utilisés par les chercheurs pour étudier et travailler cette notion à la fois sur le terrain anthropologique, la réflexion philosophique et les pratiques curatoriales afin de repenser la relation entre l’art, le design et la société mais aussi entre l’humain et son environnement sensoriel dans la construction de nos cultures matérielles. Nous avons considéré que le sensible invitait les sciences humaines et sociales à se départir de la vision selon laquelle « la structure sociale serait totalement découplée de la façon dont les individus vivent et ressentent leur corps et leurs affects » (Héritier 2004) car le sensible se situe au cœur du nœud irréductible qui articule un rapport immédiat au monde (sensoriel) contribuant ainsi à sa construction symbolique qui est au fondement du social.
Bientôt consultable également dans cette archive : création graphique conçue par Silvia Dore / Stéreo Buro à partir des échanges issus de la journée d’étude.
Montage des enregistrements vidéo : Christophe Pornay, ingénieur technique, EnsadLab.
Workshop de recherche « En quête d’images ». Comment inventer des dispositifs socio-technologiques visuels de recherche, du terrain ethnographique à la publication, de l’enquête à sa restitution?
Lors de ce workshop, quatre équipes de chercheur.e.s issues des projets soutenus par l’EUR ArTeC « En quête d’images » et « Tailleurs d’images » se sont réunies autour de problématiques de recherche communes qui interrogent la circulation des savoirs, la possibilité de s’adresser à de nouveaux publics par des formes innovantes de publicisation de la recherche, la création d’agencements visuels et de récits spéculatifs permettant de partager des recherches collectives qui mobilisent une diversité de données empiriques (visuelles, sonores, géographiques), ainsi que l’expérimentation de dispositifs interactifs pour la restitution d’enquêtes ethnographiques.
Workshop éditorial « Imaginer l’article de demain : nouvelles structures narratives et formes de socialisation des savoirs » (2019)
En juin 2019, nous avons organisé un atelier d’expérimentation éditoriale à partir de nos différentes enquêtes de terrain. A l’issue de l’atelier, plusieurs formes de restitution ont été proposées (atlas transmédia, base de données, topographie sensible…) par les équipes invitées.