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Produire le sensible : matérialité et processus de fabrication

Peau de poisson et usages sensibles en France et au Brésil

Nettoyage d’une peau de saumon, 2022, France. Crédits : Lola Loup

La peau de poisson est devenue un déchet de l’industrie agroalimentaire. Sa stabilisation récente mène à l’élaboration de cuir de poisson dont les destinations actuelles sont celles des cuirs classiques.

Par des bains de tannages naturels et rudimentaires, la peau de poisson que Lola Loup collecte en France et au Brésil donne un matériau dont l’aspect -entre le papier et le plastique – ne peut être considéré comme du cuir et n’y trouve pas d’intérêt. La peau de poisson en tant que peau ouvre d’autres imaginaires reposant sur des qualités techniques comme la résistance, l’imperméabilité ou la translucidité et questionne la durée de vie même de la matière.

Par l’observations d’usages, de modes de vie contemporains liés à la collecte et de chaines de revalorisation des peaux de poisson en France et au Brésil, Lola Loup souhaite rendre compte des potentialités de créations qui s’articulent autour d’enjeux écologiques, économiques et culturels : penser de nouveaux déploiements formels en interaction avec le lieu de collecte initial des peaux.

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Quand le sensible affecte la société : nouvelles formes d’écologies sociales

Anthropologie politique pratiques artistiques

Sculptures zapatistas (los cayucos) exposés au musée Reina Sofía. Madrid, juin 2022. Photo : Romain Courtemanche. Crédits : “Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía”

Ce projet est issu d’une enquête ethnographique entreprise par Francesca Cozzolino en 2017 sur la scène artistique mexicaine et ses implications dans les mondes sociaux ainsi que ses prolongements en Europe. Sa recherche invite à penser les pratiques de résistance par l’art en étudiant les circulations d’objets et de réseaux entre le Mexique et l’Europe ainsi que les échos qui se produisent d’une localité à l’autre dans les espaces ibéro-américains.

Pour ce faire, il s’agit d’une part de mener une enquête permettant de reconstruire les réflexions et processus qui ont amené l’équipe du musée Reina Sofía à entreprendre un travail de reconfiguration de ses collections en direction d’une critique de l’héritage colonial et l’acquisition d’œuvres réalisées par des membres des communautés indigènes du Chiapas. D’autre part, il s’agit de mettre en résonnance l’étude du processus de patrimonialisation des productions indigènes avec les discours produits par les zapatistes eux-mêmes et les réseaux militants soutenant leur voyage en Europe en 2021.

Ce terrain à Madrid a ainsi pour objectif de retracer les dynamiques qui ont amené à cette entrée des productions indigènes sur une scène de l’art européenne, et de comprendre tant ses implications dans la réception d’un « temps du mépris » associé au passé colonial et d’un présent qui marquerait à l’inverse le « temps de la reconnaissance », que les dissonances occasionnées par ces circulations au niveau transnational.

Dans une perspective plus large, l’ambition de ce projet de recherche est de comprendre la manière dont ces circulations culturelles impliquent des processus de réécriture de l’histoire et d’élaborer les fondements épistémologiques et théoriques d’une performativité politique de l’art.

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Le sensible comme forme de connaissance : enquêter et publier autrement

Journée Savoirs Sensibles

Archives de la journée d’étude en ligne « Savoirs Sensibles : esthétique et anthropologie »

Date : Mardi 13 avril 9h30-18h
Intervenant.e.s : Mildred Galland-Szymkowiak (Chargée de recherche CNRS (Thalim), enseignante au département de philosophie de l’École normale supérieure) ; Marie-Luce Gélard (Maître de conférences HDR en anthropologie, Université de Paris/IUF); David Howes (Co-Director, Center for Sensory Studies, Concordia University); Mariana Pestana (Architect and Curator, Co-curator of the 5th Istanbul Design Biennale) ; Céline Trautmann-Waller (Professeur en études germaniques, Université Sorbonne Nouvelle / Institut Universitaire de France); Catherine Wood (Senior Curator of International Art (Performance), Tate Modern)
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Consulter le billet sur le site de EnsadLab

En remettant à l’honneur le paradigme sensoriel qui est à l’origine de l’esthétique, puis en le confrontant aux travaux contemporains de l’anthropologie des sens et aux pratiques curatoriales en art et en design qui questionnent le corps en mouvement et les formes de relation empathique au monde, cette journée d’étude se propose d’étudier la notion de « savoirs sensibles », dans ses dimensions esthétiques et anthropologiques, afin d’interroger sa capacité opératoire pour la recherche en art et en design.

Affiche Silvia Dore / Stéréo Buro 2021

Cette journée d’étude est organisée par la Plateforme « art, design et société (Francesca Cozzolino, Arnaud Dubois et Sophie Krier) ancrée à EnsadLab (laboratoire de l’École des Arts Décoratifs – Université Paris, Sciences et Lettres, PSL).

Réunissant anthropologues, philosophes et curators, la journée d’étude a posé la question des « savoirs sensibles », sa sémantique et les outils analytiques et méthodologiques utilisés par les chercheurs pour étudier et travailler cette notion à la fois sur le terrain anthropologique, la réflexion philosophique et les pratiques curatoriales afin de repenser la relation entre l’art, le design et la société mais aussi entre l’humain et son environnement sensoriel dans la construction de nos cultures matérielles. Nous avons considéré que le sensible invitait les sciences humaines et sociales à se départir de la vision selon laquelle « la structure sociale serait totalement découplée de la façon dont les individus vivent et ressentent leur corps et leurs affects » (Héritier 2004) car le sensible se situe au cœur du nœud irréductible qui articule un rapport immédiat au monde (sensoriel) contribuant ainsi à sa construction symbolique qui est au fondement du social. 

Marie-Luce Gélard ouvre la journée en interrogeant les univers sensoriels dans deux directions majeures. L’une épistémologique : les sens deviennent et/ou ont toujours été une démarche ethnographique incontournable. La seconde, méthodologique, part du constat que l’étude des sens, des univers sensoriels et des sensibilités semble contredire l’exigence d’objectivité sur laquelle se sont construites les sciences.
Céline Trautmann-Waller nous a parlé de la figure de Karl von den Steinen et ses recherches sur l’art des Marquisiens (culture matérielle, statuaire et tatouage) faisant suite à une expédition réalisée en 1897-98. Partant de ses analyses de la pratique du tatouage, elle s’est intéressée au sens qu’il attribue à cet art pratiqué à même le corps, à sa collecte des différents dessins et des récits associés, à la reprise de ses analyses dans des recherches anthropologiques plus récentes pour poser la question du tatouage comme savoir sensible.
A partir de l’étude de la performance de Robert Morris de 1971
Bodyspacemotionthings, Catherine Wood analyse « l’échec » de la notion utopique de participation physique, son ancrage dans une logique communautaire spécifique d’interaction corps-objet (propre au monde de la danse postmoderne à New York) et à ce que signifie pour le musée de conserver des objets destinés à une telle participation, souvent présentés – de manière inadéquate – dans le contexte stérile du white-cube où est interdit tout rituel social alternatif.
Mariana Pestana revient sur les enjeux de la 5e Biennale du design d’Istanbul qui revisite l’empathie pour réfléchir de manière critique sur la façon dont nous nous relions aux autres, qu’ils soient humains ou non-humains – biologiques, bactériens, géologiques. Afin d’ouvrir un espace de responsabilité et de nourrir une culture de l’attachement au-delà de l’humain, cette biennale explore l’idée du design pour des corps, pour des dimensions et pour des perspectives multiples.
Mildred Galland-Szymkowiak réflechit à la façon dont les questions des connotations affectives de la perception d’un objet ou encore des qualités sensibles de l’objet génératrices d’un état affectif chez le sujet, et plus généralement productrices d’une atmosphère, ont donné lieu à différentes conceptualisations dans l’histoire de l’esthétique allemande depuis le 18e siècle et en particulier dans la pensée esthétique du philosophe Théodore Lipps.
Pour conclure avec David Howes, nous plongeons sous la Critique de Kant pour retrouver la signification originale du terme esthétique (formulé par Alexander von Baumgarten en 1750) qui implique la perception de « l’unité dans la multiplicité des qualités sensibles » qu’il illustre à travers l’exploration des peintures de l’artiste surréaliste espagnol Remedios Varo et l’expérience du « design immersif multisensoriel » proposée par l’agence Flying Object pour l’exposition « Tate sensorium » de 2015 à la Tate Britain.
Tel un bonus, la graphiste Silvia Dore, étudiante pré-doctorale à EnsadLab dans le groupe Reflective Interaction, qui a réalisé l’identité visuelle de la journée d’étude, revient sur les enjeux de sa création graphique et de ses liens avec les problématiques soulevées par les intervenants.

Bientôt consultable également dans cette archive : création graphique conçue par Silvia Dore  / Stéreo Buro à partir des échanges issus de la journée d’étude.

Montage des enregistrements vidéo : Christophe Pornay, ingénieur technique, EnsadLab.
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Le sensible comme forme de connaissance : enquêter et publier autrement

Workshop de recherche 2020

Workshop de recherche « En quête d’images ». Comment inventer des dispositifs socio-technologiques visuels de recherche, du terrain ethnographique à la publication, de l’enquête à sa restitution?

Dates : 28-29-30 septembre 2020
Lieu : EnsadLab, Ecole des Arts Décoratifs, Paris
Billet EnsadLab : Workshop de recherche « En quête d’images »
Télécharger le programme du workshop

Lors de ce workshop, quatre équipes de chercheur.e.s issues des projets soutenus par l’EUR ArTeC « En quête d’images » et « Tailleurs d’images » se sont réunies autour de problématiques de recherche communes qui interrogent la circulation des savoirs, la possibilité de s’adresser à de nouveaux publics par des formes innovantes de publicisation de la recherche, la création d’agencements visuels et de récits spéculatifs permettant de partager des recherches collectives qui mobilisent une diversité de données empiriques (visuelles, sonores, géographiques), ainsi que l’expérimentation de dispositifs interactifs pour la restitution d’enquêtes ethnographiques.

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Le sensible comme forme de connaissance : enquêter et publier autrement

Workshop éditorial Imaginer l’article de demain

Workshop éditorial « Imaginer l’article de demain : nouvelles structures narratives et formes de socialisation des savoirs » (2019)

En juin 2019, nous avons organisé un atelier d’expérimentation éditoriale à partir de nos différentes enquêtes de terrain. A l’issue de l’atelier, plusieurs formes de restitution ont été proposées (atlas transmédia, base de données, topographie sensible…) par les équipes invitées.