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Le sensible comme forme de connaissance : enquêter et publier autrement

Journée Savoirs Sensibles

Archives de la journée d’étude en ligne « Savoirs Sensibles : esthétique et anthropologie »

Date : Mardi 13 avril 9h30-18h
Intervenant.e.s : Mildred Galland-Szymkowiak (Chargée de recherche CNRS (Thalim), enseignante au département de philosophie de l’École normale supérieure) ; Marie-Luce Gélard (Maître de conférences HDR en anthropologie, Université de Paris/IUF); David Howes (Co-Director, Center for Sensory Studies, Concordia University); Mariana Pestana (Architect and Curator, Co-curator of the 5th Istanbul Design Biennale) ; Céline Trautmann-Waller (Professeur en études germaniques, Université Sorbonne Nouvelle / Institut Universitaire de France); Catherine Wood (Senior Curator of International Art (Performance), Tate Modern)
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Consulter le billet sur le site de EnsadLab

En remettant à l’honneur le paradigme sensoriel qui est à l’origine de l’esthétique, puis en le confrontant aux travaux contemporains de l’anthropologie des sens et aux pratiques curatoriales en art et en design qui questionnent le corps en mouvement et les formes de relation empathique au monde, cette journée d’étude se propose d’étudier la notion de « savoirs sensibles », dans ses dimensions esthétiques et anthropologiques, afin d’interroger sa capacité opératoire pour la recherche en art et en design.

Affiche Silvia Dore / Stéréo Buro 2021

Cette journée d’étude est organisée par la Plateforme « art, design et société (Francesca Cozzolino, Arnaud Dubois et Sophie Krier) ancrée à EnsadLab (laboratoire de l’École des Arts Décoratifs – Université Paris, Sciences et Lettres, PSL).

Réunissant anthropologues, philosophes et curators, la journée d’étude a posé la question des « savoirs sensibles », sa sémantique et les outils analytiques et méthodologiques utilisés par les chercheurs pour étudier et travailler cette notion à la fois sur le terrain anthropologique, la réflexion philosophique et les pratiques curatoriales afin de repenser la relation entre l’art, le design et la société mais aussi entre l’humain et son environnement sensoriel dans la construction de nos cultures matérielles. Nous avons considéré que le sensible invitait les sciences humaines et sociales à se départir de la vision selon laquelle « la structure sociale serait totalement découplée de la façon dont les individus vivent et ressentent leur corps et leurs affects » (Héritier 2004) car le sensible se situe au cœur du nœud irréductible qui articule un rapport immédiat au monde (sensoriel) contribuant ainsi à sa construction symbolique qui est au fondement du social. 

Marie-Luce Gélard ouvre la journée en interrogeant les univers sensoriels dans deux directions majeures. L’une épistémologique : les sens deviennent et/ou ont toujours été une démarche ethnographique incontournable. La seconde, méthodologique, part du constat que l’étude des sens, des univers sensoriels et des sensibilités semble contredire l’exigence d’objectivité sur laquelle se sont construites les sciences.
Céline Trautmann-Waller nous a parlé de la figure de Karl von den Steinen et ses recherches sur l’art des Marquisiens (culture matérielle, statuaire et tatouage) faisant suite à une expédition réalisée en 1897-98. Partant de ses analyses de la pratique du tatouage, elle s’est intéressée au sens qu’il attribue à cet art pratiqué à même le corps, à sa collecte des différents dessins et des récits associés, à la reprise de ses analyses dans des recherches anthropologiques plus récentes pour poser la question du tatouage comme savoir sensible.
A partir de l’étude de la performance de Robert Morris de 1971
Bodyspacemotionthings, Catherine Wood analyse « l’échec » de la notion utopique de participation physique, son ancrage dans une logique communautaire spécifique d’interaction corps-objet (propre au monde de la danse postmoderne à New York) et à ce que signifie pour le musée de conserver des objets destinés à une telle participation, souvent présentés – de manière inadéquate – dans le contexte stérile du white-cube où est interdit tout rituel social alternatif.
Mariana Pestana revient sur les enjeux de la 5e Biennale du design d’Istanbul qui revisite l’empathie pour réfléchir de manière critique sur la façon dont nous nous relions aux autres, qu’ils soient humains ou non-humains – biologiques, bactériens, géologiques. Afin d’ouvrir un espace de responsabilité et de nourrir une culture de l’attachement au-delà de l’humain, cette biennale explore l’idée du design pour des corps, pour des dimensions et pour des perspectives multiples.
Mildred Galland-Szymkowiak réflechit à la façon dont les questions des connotations affectives de la perception d’un objet ou encore des qualités sensibles de l’objet génératrices d’un état affectif chez le sujet, et plus généralement productrices d’une atmosphère, ont donné lieu à différentes conceptualisations dans l’histoire de l’esthétique allemande depuis le 18e siècle et en particulier dans la pensée esthétique du philosophe Théodore Lipps.
Pour conclure avec David Howes, nous plongeons sous la Critique de Kant pour retrouver la signification originale du terme esthétique (formulé par Alexander von Baumgarten en 1750) qui implique la perception de « l’unité dans la multiplicité des qualités sensibles » qu’il illustre à travers l’exploration des peintures de l’artiste surréaliste espagnol Remedios Varo et l’expérience du « design immersif multisensoriel » proposée par l’agence Flying Object pour l’exposition « Tate sensorium » de 2015 à la Tate Britain.
Tel un bonus, la graphiste Silvia Dore, étudiante pré-doctorale à EnsadLab dans le groupe Reflective Interaction, qui a réalisé l’identité visuelle de la journée d’étude, revient sur les enjeux de sa création graphique et de ses liens avec les problématiques soulevées par les intervenants.

Bientôt consultable également dans cette archive : création graphique conçue par Silvia Dore  / Stéreo Buro à partir des échanges issus de la journée d’étude.

Montage des enregistrements vidéo : Christophe Pornay, ingénieur technique, EnsadLab.
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Formes d’écriture et processus de création

Archives de la journée « Formes d’écriture et processus de création » (2018)

Séance de travail sur l’ouvrage numérique «La création à l’œuvre. Une enquête autour de l’exposition Typoéticatrac», EnsadLab, 9 février, 2018.

Date : Jeudi 29 mars 2018, 9-20h
Lieu : École des Arts Décoratifs, 31 rue d’Ulm, Paris
Consulter le programme complet de la journée

La matinée, intitulée « Au-delà du texte. Quand les sciences humaines et sociales s’emparent des nouvelles formes de narration », a entrepris d’interroger comment certaines formes d’écriture artistique (graphisme, bande-dessinée ethnographique, dessin, data visualisation, exposition) viennent inspirer et transformer les pratiques des chercheurs en sciences humaines et sociales. Comment rendre compte et analyser des processus de création par de nouvelles formes d’écriture davantage liées aux situations observées ?

L’après-midi, intitulé « Hybridations. Recherches artistiques aux prises avec l’anthropologie » a regroupé des démarches à la croisée de l’art, du design et des sciences sociales, qui emploient des supports et des médias différents pour développer des formes narratives singulières. Celles-ci invitent à des lectures interactives en impliquant davantage le geste et le lecteur. Comment tirer parti des pratiques plastiques qui permettent de construire des nouvelles structures narratives ?

La journée a été clôturée par la conférence publique de Tim Ingold intitulée « Art and Anthropology for a living world » (archive vidéo en bas de page).

Cette journée d’études s’est inscrite dans le projet de recherche « Prendre le parti des choses. Publications hybrides sur les processus de création », dirigé à Ensadlab par Francesca Cozzolino (enseignante-chercheure, EnsadLab/LESC) avec la collaboration de Pierre-Olivier Dittmar (maître de conférences, EHESS, Techniques&Culture) et le soutien de l’Université PSL dans le cadre du projet IRIS « Création, cognition et société » et de la Chaire arts & sciences de l’École polytechnique, de l’EnsAD-PSL et de la Fondation Daniel et Nina Carasso.

Publicisations

  • INGOLD Tim, « Art et anthropologie pour un monde vivant », in : Techniques&Culture, Débats, publié le 11 février 2018, accessible en ligne : https://tc.hypotheses.org/2055

Conférence de clôture « Art and Anthropology for a living world » de Tim Ingold

Crédits image en introduction : Counting Kolams workshop run by Ester Alemany and Alfonso Mulero, Aberdeen Botanical Gardens, Knowing from the Inside (KFI), 2017. Photos Emile Kirsch.

Synopsis: Traditionally, the disciplines of anthropology and art have faced in opposite directions: the former dedicated to understanding forms of life as we find them; the latter to the creation of forms never before encountered. This talk is founded on the premise that the traditional opposition is untenable. Not only would the work of art carry no force unless grounded in a profound understanding of the lived world; but anthropological accounts of the manifold ways along which life is lived would also be of no avail unless brought to bear on speculative inquiries into what the possibilities for human life might be. Thus art and anthropology have in common that they observe, describe and create. Their orientations are as much towards human futures as towards human pasts: these are futures, however, that are not conjured from thin air but forged in the crucible of contemporary social lives.


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Prendre le parti des choses

Projet « Prendre le parti des choses. Publications hybrides sur les processus de création » (2018)

Projet porté par : Francesca Cozzolino (enseignante-chercheure, Ensadlab) avec la collaboration de Pierre-Olivier Dittmar (maître de conférence, EHESS), soutenu par IRIS PSL «Création, cognition et société» et développé dans le cadre du groupe de recherche Reflective Interaction.
En collaboration avec : Centre d’art le Bel Ordinaire; Art Book Magazine
Équipe : Samuel Bianchini (EnsadLab) ; Francesca Cozzolino (EnsadLab/Lesc); Pierre-Olivier Dittmar (EHESS) ; Thomas Golsenne (Université de Lille3) ; Lucile Haute (Université de Nîmes/EnsadLab); Quentin Juhel (étudiant-chercheur EnsadLab) ; Sophie Krier (UCR/EnsadLab) ; Benoît Verjat (EnsadLab/Esa de Nancy) ; Sylvie Tissot ( ingénieure de recherche et création, associée à EnsadLab)

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Vue d’atelier et de l’élaboration des « Machines Sonores » produites dans le cadre de l’exposition sur Pierre di Sciullo intitulée « Typoéticatrac, les mots pour le faire » (Bel Ordinaire 2017). Crédit photo @ Hortense Soichet

Le projet « Prendre le parti des choses. Publications hybrides sur les processus de création » repose sur une articulation inédite entre design et sciences humaines et sociales. Il est issu de nouvelles formes d’écriture qui utilisent des supports numériques interactifs pour décrire la création. Ce projet propose une approche matérielle et processuelle de la création et s’appuie sur l’expérimentation de formes de publication qui découlent d’une telle conception dynamique et concrète du processus de création lorsqu’il est observé dans sa complexité et saisi au-delà de la seule intentionnalité des artistes. C’est précisément à cette jonction que ce projet entend se situer en fédérant des chercheurs en sciences humaines et sociales (EHESS et EnsadLab), des chercheurs en art et en design (EnsadLab). Il se structure autour de la production d’un ouvrage numérique issu de l’exposition « Typoéticatrac. Les mots pour le faire » du graphiste Pierre Di Sciullo (commissariat Francesca Cozzolino) et sur la mise en place d’un séminaire prenant la forme de deux journées d’études, à l’EnsAD le 29 mars 2018 et à l’EHESS le 20 juin 2018.

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Vue de la salle “L’or de la fougue”, Pierre Di Sciullo, exposition « Typoéticatrac, les mots pour le faire » (Bel Ordinaire 2017). Crédit photo @ Luke James