Note de synthèse du collectif Tailleurs d’images, workshop de recherche « En quête d’images » (28-30 septembre 2020, EnsadLab)
Le projet de recherche « Tailleurs d’images : nouvelles voies d’expériences artistiques, quels espaces, quelles pratiques pour quels territoires » est un projet transdisciplinaire arts sciences humaines et sociales porté par un collectif d’artistes et de chercheurs. Le projet vise à explorer des chemins inédits d’expériences artistiques à l’échelle du territoire de la Seine Saint Denis. Il s’inscrit dans les orientations contemporaines des recherches en questionnant conjointement les modalités de l’expérience esthétique et ses enjeux politiques. Le parti pris du projet consiste à considérer le sujet visiteur de l’exposition-action, comme un sujet pragmatique du « je peux » qui oeuvre dans le monde, s’approprie ce qui est donné, disponible ou prévu et construit des ressources, il s’agit d’un sujet en devenir, d’un sujet auteur de son développement. » (Rabardel, 2005). Dans cette optique, le tableau est autant fait par le regardeur que l’artiste. L’existence d’une oeuvre implique que deux activités hétérogènes, celles des regardeurs et celle des artistes entrent en résonance. Les expériences de résonances sont constitutives du devenir sujet. »
Au cours du workshop éditorial, le collectif Tailleurs d’images a entamé un travail de prototypage d’une sélection d’oeuvres précédemment présentées au sein du cycle de trois expositions-actions dont le commissariat a été assuré par les Tailleurs d’images et qui se sont déroulées entre 2018 et 2020 en Seine Saint Denis (6B et MSH Paris Nord).
L’équipe de travail était composée de Raphaële Bertho, Arno Gisinger, Pierre Rabardel, Anne Bationo Tillon et Julie Blanc, designer et doctorante en ergonomie en charge d’accompagner le prototypage. Ines Moreno, étudiante chercheure de EnsadLab a également partagé ces trois journées en questionnant, observant et dialoguant avec l’équipe.
L’exposition-action est une forme nouvelle d’exposition proposée par ce collectif qui est entièrement organisée autour et pour les visiteurs venus rencontrer des artistes et leurs oeuvres. Un projet de territoire où chacun peut venir et trouver une place légitime. Un lieu, où ce que chaque visiteur apporte est le bienvenu, sa culture d’ailleurs et d’ici, ses gestes et ses idées, des préférences, ses gourmandises. Dans les expositions-actions, la contemplation s’est pas la seule façon de rencontrer les oeuvres. bien d’autres possibilités sont offertes puisque toutes les oeuvres peuvent être activées.
Le regard d’Inès Moreno, étudiante-chercheuse à EnsadLab, qui a rejoint le groupe au fil des ces trois jours de workshop, permet de mieux comprendre la démarche éditoriale du collectif Tailleurs d’images.
Dans la salle panoramique de la MSH , Arno Gisinger proposait une réactivation de six photographies des années 1940 : des vues d’ensemble des fameuses « zones » dans le secteur nord de Paris (Saint-Ouen, Saint-Denis et Aubervilliers). Ces images sont issues d’un fonds de photographies historiques de la Direction Urbanistique de la ville de Paris et font parti d’un projet de recherche interdisciplinaire soutenu par Paris Lumières. Dans l’exposition les images agrandies et reproduites sur un support semi-transparent (« vitrophanies »), fonctionnaient comme des membranes entre intérieur et extérieur. La salle panoramique de la MSH devenait ainsi une machine à vision dans laquelle les images historiques se décomposaient au fur et à mesure et disparaissaient comme des fantômes d’une autre époque.
Une sculpture s’est envolée ennuagée de velours qui l’absentent des regards. Comment la rencontrer si on ne peut la toucher des yeux ? Julia Maria Lopez et Pierre Rabardel vous proposent de lui offrir vos mains, vos bras, vos rêves jusqu’à l’étreindre si le cœur vous en dit. Se livrera t’elle pour vous ? Oserez-vous l’imaginer ?
LES SISMOGRAPHES… vous inviteront à partager leurs “tremblements“ collectifs en dévoilant des fragments de leur premier « Epicentre » du Grand Paris intitulé La Ville Sédimentaire. Il se situe à proximité du 6B, sur l’autre rive du Canal. Ils ont construit un récit photographique de cette « après ville » en devenir qu’ils déploieront sur les murs dans un ouvrage encore « en travail ». Ils vous prêteront leurs images pour à votre tour pour créer avec celles que vous aurez choisies une phrase visuelle accrochée sur l’un des fils rouges qui traversera l’espace d’exposition.