Catégorie :Produire le sensible : matérialité et processus de fabrication
Ce deuxième axe met au cœur de ses interrogations une réflexion sur les différents moyens d’action sur la matière qui s’offrent aux artistes et designers contemporain.e.s et de réfléchir aux dimensions écologiques et technologiques de leurs pratiques.
Usage d’un déchet agroalimentaire La peau de poisson comme objet de récits
Empreinte d’une peau de poisson sur étendoir à linge – 2025, Paris
L’un des angles morts que laisse la gestion de nos déchets se trouve dans la prise en charge des déchets organiques, dont nous mesurons mal l’impact néfaste sur l’environnement : la peau de poisson en est un exemple. En Europe, la moitié de la prise totale de poisson devient un déchet, dont un quart est rejeté au fond de l’océan, provoquant une asphyxie marine.
Alors qu’avant le 20e siècle, une partie des peuples Arctiques utilisaient l’intégralité du poisson -à des fins de subsistance, pratique ou spirituelle- nous n’utilisons aujourd’hui qu’une partie de cette ressource. A l’impact écologique s’ajoute ainsi une perte de valeur presque invisible.
Remonter à l’origine des peaux, avant que les poissons n’arrivent en poissonnerie, peut être une piste par laquelle comprendre ce qui se joue dans la mise en circulation de la matière. Quelle gestion et considération du vivant font du poisson une ressource et de sa peau un déchet ?
Archives de la journée d’étude « Savoirs Sensibles (II) : savoir-faire et création »
Date : mardi 7 juin 2022, 9h30—18h Lieux : Ensadlab (salle 306) et ENSA–Limoges (visioconférence) Billet sur EnsadLab Télécharger le programme
Affiche Stéreo Buro
Organisée par la Plateforme « art, design et société» (Arnaud Dubois, Francesca Cozzolino et Sophie Krier), cette journée aura lieu à l’EnsadLab (salle 308), le laboratoire de l’Ecole des Arts Décoratifs de Paris et simultanément en visioconférence à l’Ecole Nationale Supérieure d’Art et de Design de Limoges.
Cette journée s’inscrit à la suite de la journée d’étude « Savoirs sensibles : esthétique et anthropologie » qui a eu lieu en avril 2021 et à l’occasion de laquelle nous avions interrogé les liens entre esthétique, politique et sensible dans ses dimensions philosophiques, anthropologiques et artistiques. Cette année nous nous proposons de poursuivre notre exploration de cette notion entre d’une part les savoir-faire, les matérialités et les gestes techniques et d’autre part la création artistique, la recherche par le design et l’expérimentation plastique. Pour ce faire, nous nous proposons de mettre en dialogue des designers et des artistes qui collaborent avec des artisans ou se confrontent aux savoir-faire (Natalia Baudoin et Jessie Derogy), des artisans qui ouvrent leur pratique en direction de l’innovation technologique (Steven Leprizé) ou de la réflexivité des sciences sociales (Brune Boyer) ; des chercheurs (Nathan Schlanger et Laurence Douny) qui font de la technique et de l’histoire de la technologie leur objet d’étude dans une articulation entre technique et esthétique sociale.
En interrogeant ces relations différentielles qui existent, en interdisciplinarité, entre savoir-faire et création, nous nous proposons ainsi de poursuivre notre exploration de l’expérience sensible comme paradigme de la recherche en art et en design et des savoirs sensibles comme forme de connaissance qui en résultent.
Steven Leprizé (Ebeniste, Ecole Boulle) : Artisanat et innovation en ébénisterie
Laurence Douny (Anthropologue, Humboldt-Universität) : L’affinité du corps et la matière : les savoirs techniques de la soie sauvage au Burkina Faso (Afrique de l’ouest)
Fig.1 Teinturière au travail (Aubusson, France), 2021. Photo Arnaud Dubois
Ce nouveau programme de recherche est porté au sein de la plateforme par Arnaud Dubois et développé en collaboration avec l’Ecole nationale supérieure d’art et de design de Limoges et le Conservatoire national des arts et métiers. Chromoculture s’intéresse aux pratiques des travailleurs de la couleur en France : artisans de la coloration, professionnels de l’esthétique chromatique, scientifiques et ingénieurs des colorants et du coloris. Nous nous proposons de porter un regard différent sur ce qu’est le phénomène « couleur » dans une société contemporaine et d’interroger la place de ces intermédiaires dans la construction de nos environnements construits.
ACTIVITÉS
Exposition « Une couleur de trop » réalisée dans le cadre d’un partenariat entre l’ENSA de Limoges et le Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine à l’occasion de la journée d’étude « Une couleur de trop », octobre 2021
Production du « Totomoxtle », Tonahuixtla (Puebla, Mexico), 2019. Images Fernando Laposse
A travers le projet « Totomoxtle » développé par le designer Fernando Laposse dans le village de Tonahuixtla (Puebla, Mexico), nous cherchons à saisir la manière dont les paysans ont appris à maîtriser des gestes artisanaux, les astuces et savoirs investis dans les procédés de production, dès la récolte des feuilles de maïs à l’usage de prototypes dessinés pas le designer. Nous visons aussi à rendre compte des relations culturelles, économiques, politiques, écologiques et symboliques qui sont à l’œuvre dans ce projet.
Francesca Cozzolino, « De la culture de la milpa à l’objet de design. Relier les pratiques d’agriculture traditionnelle à l’innovation technique dans un village de l’état de Puebla (Mexique) », Techniques&Culture 2021/2 No 76 « Waza on the Move. L’art ineffable de l’apprentissage », 17 novembre 2021, p 226-229. Accessible en ligne : https://doi.org/10.4000/tc.16902
Production du « Totomoxtle », Tonahuixtla (Puebla, Mexico), 2019. Photo Francesca Cozzolino