Anthropologie politique des pratiques artistiques. Enquête sur les circulations entre scènes de l’art et mondes sociaux dans les espaces ibéro-américains (2023-2024)
Ce projet est issu d’une enquête ethnographique entreprise par Francesca Cozzolino en 2017 sur la scène artistique mexicaine et ses implications dans les mondes sociaux ainsi que ses prolongements en Europe. Sa recherche invite à penser les pratiques de résistance par l’art en étudiant les circulations d’objets et de réseaux entre le Mexique et l’Europe ainsi que les échos qui se produisent d’une localité à l’autre dans les espaces ibéro-américains.
Pour ce faire, il s’agit d’une part de mener une enquête permettant de reconstruire les réflexions et processus qui ont amené l’équipe du musée Reina Sofía à entreprendre un travail de reconfiguration de ses collections en direction d’une critique de l’héritage colonial et l’acquisition d’œuvres réalisées par des membres des communautés indigènes du Chiapas. D’autre part, il s’agit de mettre en résonnance l’étude du processus de patrimonialisation des productions indigènes avec les discours produits par les zapatistes eux-mêmes et les réseaux militants soutenant leur voyage en Europe en 2021.
Ce terrain à Madrid a ainsi pour objectif de retracer les dynamiques qui ont amené à cette entrée des productions indigènes sur une scène de l’art européenne, et de comprendre tant ses implications dans la réception d’un « temps du mépris » associé au passé colonial et d’un présent qui marquerait à l’inverse le « temps de la reconnaissance », que les dissonances occasionnées par ces circulations au niveau transnational.
Dans une perspective plus large, l’ambition de ce projet de recherche est de comprendre la manière dont ces circulations culturelles impliquent des processus de réécriture de l’histoire et d’élaborer les fondements épistémologiques et théoriques d’une performativité politique de l’art.