Recherches doctorales et pré-doctorales
Paysage anthropisé et formes de vie sur le site d’une ancienne mine d’amiante, des archives sensibles pour rendre désirable le futur d’un territoire
Eugénie Zuccarelli (designer graphique, étudiante-chercheure en doctorat)

Cette thèse de recherche-création par le design interroge les enjeux écologiques et sociaux qui appartiennent aujourd’hui à un territoire spécifique en Corse, dans le contexte de l’Anthropocène. Il ambitionne de rendre visibles les relations qui se tissent entre les formes de vie (humaines et non humaines) dans des milieux abîmés par leur anthropisation.
Ce projet s’inscrit dans une approche de recherche-création qui conçoit la production de « documents témoins » comme un processus central. À travers un travail de co-construction lors d’ateliers de design participatif, il s’agit d’élaborer, pour combler les lacunes des archives existantes et aller au-delà des démarches archivistiques établies. Il s’agit ainsi de produire une documentation critique et des archives sensibles, générant des récits spéculatifs sur le futur du site étudié et révélant les tensions écologiques de cet écosystème marqué par l’Anthropocène.
En mobilisant les outils du design graphique et de l’art participatif, le projet ambitionne d’expérimenter des dispositifs de démonstration qui traduisent les savoirs collectés en formes de narration visuelle, rendant lisibles les interdépendances complexes entre vivants, territoires et enjeux industriels. Ces dispositifs, fonctionnaient alors comme des « témoins » visant à matérialiser ces enjeux pour sensibiliser les publics et à nourrir une réflexion critique sur les chemins possibles de la transition écologique.
Technologies ancestrales : les savoirs de la forêt amazonienne entre l’invisible et le visible
Bianca Dacosta (artiste, étudiante-chercheure en pré-doctorat)

Et si la nature elle-même était une archive de savoirs technologiques ? En Amazonie, les peuples autochtones vivent en relation avec un écosystème qu’ils lisent, écoutent, cultivent et soignent depuis des siècles. Leurs gestes, leurs pratiques, leurs façons de construire, d’habiter, de guérir ou de se nourrir révèlent une autre manière de penser la technologie et d’aborder l’image : organique, située, vivante.
À travers ce projet, je m’intéresse à ces savoirs ancestraux, non pas comme des vestiges du passé, mais comme des ressources précieuses pour penser les crises écologiques contemporaines. Comme plusieurs anthropologues l’ont montré (Descola, Viveiros de Castro, Bruce Albert et Davi Kopenawa), les formes de relations à la nature qui se déploient dans ce contexte nous éclairent sur la relation des humains au vivant, et nous fournissent de précieux enseignements sur la manière dont nous pouvons aujourd’hui composer des mondes selon différentes façons d’articuler le visible et l’invisible. Ainsi, observer cette forêt comme un système complexe d’équilibres, de langages et d’interdépendances, c’est reconsidérer notre rapport au vivant — et aux formes de connaissance et aux régimes de visibilité qu’il produit.Cette recherche interroge, par la recherche-création, les savoirs ancestraux des peuples autochotones tels que les Huni Kuin par un travail in situ avec une association locale en dialogue avec des auteurs français, brésiliens et autochtones du Brésil, issus de l’anthropologie, de l’art et du design.
Usage d’un déchet agroalimentaire
La peau de poisson comme objet de récits
Lola Loup (designer textile, étudiante-chercheure en pré-doctorat, année 2024-2025)

L’un des angles morts que laisse la gestion de nos déchets se trouve dans la prise en charge des déchets organiques, dont nous mesurons mal l’impact néfaste sur l’environnement : la peau de poisson en est un exemple. En Europe, la moitié de la prise totale de poisson devient un déchet, dont un quart est rejeté au fond de l’océan, provoquant une asphyxie marine.
Alors qu’avant le 20e siècle, une partie des peuples Arctiques utilisaient l’intégralité du poisson -à des fins de subsistance, pratique ou spirituelle- nous n’utilisons aujourd’hui qu’une partie de cette ressource. A l’impact écologique s’ajoute ainsi une perte de valeur presque invisible.
Remonter à l’origine des peaux, avant que les poissons n’arrivent en poissonnerie, peut être une piste par laquelle comprendre ce qui se joue dans la mise en circulation de la matière. Quelle gestion et considération du vivant font du poisson une ressource et de sa peau un déchet ?